Il y a de la vie dans les carrières bretonnes !

Publié le 07/11/2024
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Parmi ses nombreuses missions, l'association Bretagne vivante intervient dans de nombreuses carrières de la région pour étudier et protéger la biodiversité étonnante qui s'installe parfois à la faveur de cette activité humaine. 

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Photo de couverture : Sensibilisation à la biodiversité, atelier invertébrés, Grand-Champ 2022 - crédit photo Bretagne vivante

Cela peut paraître étonnant, mais Bretagne vivante travaille avec les carriers bretons, en tout cas ceux de l'Unicem (Union nationale des industries de carrière et matériaux de construction) qui sollicitent l'association pour étudier la biodiversité dans ces milieux tout à fait particuliers ; le personnel est aussi formé et sensibilisé à la protection des espèces sauvages qui s'installent dans les carrières, de  roches massives, ou de granulats, voire de sables.  Quelque 188 carrières composent ce réseau en Bretagne historique (Loire-Atlantique incluse). 

Les carrières, un milieu tout à fait spécifique pour la vie sauvage

Légalement, les responsables de carrières sont tenus au respect de règles environnementales strictes, notamment en matière de gestion des eaux qui surgissent du fait de l'extraction des roches ou des sables. L'eau doit être filtrée avant d'être reversée dans les milieux naturels ou les rivières voisines pour ne pas charrier trop de sédiments et particules qui étoufferaient le milieu ou le pollueraient. D'autres exigences concernent les nuisances comme les poussières ou le bruit, et aussi les espèces animales ou végétales, mais interviennent généralement en amont de la création ou de l'extension d'une carrière si des espèces protégées sont présentes. 

En dehors des obligations légales, Bretagne vivante peut donc être sollicitée pour un état des lieux naturaliste d'une carrière et le concours de l'association est particulièrement précieux lorsque la vie de la carrière s'achève ou qu'un nouveau pan d'un site doit être exploré. 

Une carrière en fin d'activité : l'explosion de vie pour de nombreuses espèces

Les contrats d'exploitation des carrières prévoient habituellement une réhabilitation des sites quand ils arrivent en fin d'activité (après 60 ou 70 ans de vie). Cependant, ce qui a été prévu initialement n'est pas forcément pertinent au regard de la biodiversité qui a pu s'installer dans la carrière et qui est parfois surprenante ! De temps en temps, dans les recoins non utilisés d'une carrière, des plantes ou des animaux s'installent parce que là, la plupart du temps, les insecticides et autres engrais sont absents ; la carrière, c'est "bio". Et puis entre 8h et 17h ou le week-end, c'est un endroit totalement tranquille... Dans l'ancienne carrière de Bodonou à Guilers — ancien lit de l'Aulne exploité pour ses sables — le premier projet de réhabilitation était celui d'une base nautique. En fait, le site est devenu un refuge pour les oiseaux migrateurs et il a été décidé de laisser l'ancienne carrière comme réserve naturelle (inaccessible pour l'essentiel). Des bassins permettent aux oiseaux de se reposer, loin des humains pour qui le terrain est de toute façon dangereux (sables mouvants). Une petite fougère, la loutre, des Characées (algues-plantes) ont aussi colonisé les lieux. Près de Nantes, une ancienne carrière ardoisière est quant à elle devenue le paradis de tous les reptiles de l'ouest ! Le Grand corbeau et le Faucon pèlerin doivent leur survie en Bretagne à des carrières dans lesquelles ils avaient trouvé refuge pour nicher.

Malgré ce partenariat avec l'Unicem, Bretagne vivante garde son indépendance et peut tout à fait s'opposer à une ouverture ou une extension de carrière si elle l'estime délétère pour l'environnement.