L'agriculture bio en Finistère un an après la tempête Ciaran

Publié le 28/11/2024
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Un an après le passage de la tempête Ciaran en Finistère, on fait le point avec le Groupement des agricultrices et agriculteurs bio du Finistère sur la situation, les indemnisations et compensations reçues par les fermes touchées, sans oublier le moral des productrices et producteurs.

Une émission réalisée en partenariat avec la Maison de l'agriculture biologique du Finistère/Groupement des agricultrices et agriculteurs bio du Finistère

Le lendemain de la tempête du 1ᵉʳ novembre 2023, le Gab29 a envoyé un questionnaire à toutes les fermes en agriculture biologique du Finistère ; entre 150 et 200 ont répondu qu'elles avaient été touchées et une surreprésentation des activités de maraîchage. C'est logique, car les serres et tunnels sont plus fragiles que les bâtiments agricoles classiques face aux tempêtes.

Jeanne et Céline, productrices finistériennes durement touchées par la tempête Ciaran

Jeanne Degudes est installée depuis 2021 en herboristerie avec transformation (plantes sèches, tisanes, sirops et cosmétiques) à Loperhet (Le jardin des lunes). Elle avait installé son tunnel de 180 m² en juin et la tempête l'a détruit 4 mois plus tard. Fort heureusement, elle avait trouvé une assurance qui avait accepté de prendre en charge son tunnel. 

Céline Guillouroux est maraîchère à Quimerc'h (ferme de Kellers) ; elle avait six serres tunnel de petites taille ; elle avait réussi à en débâcher deux avant la tempête, mais n'a pas eu le temps de le faire pour les autres. Malgré la position en fond de vallée de son exploitation, elle a perdu ses tunnels (mais aussi des tôles de son hangar, sans oublier tous les arbres de sa parcelle forestière). Elle est aussi restée sans eau et électricité pendant une dizaine de jours. 

Des assurances et aides publiques peu adaptées aux petites unités de production agricole

Le Gab29 a bien sûr apporté son aide administrative, car les dossiers de demande d'aide sont lourds, à lire et à comprendre davantage encore qu'à remplir. Le Groupement a constaté que le système d'assurance prend peu en compte les petites structures. De même, les aides se sont avérées peu adaptées. Pour les installations récentes, un plafond a empêché le cumul des aides avec celles qui ont suivi la tempête. Des productrices et producteurs qui avaient racheté sans attendre des serres n'ont pas pu être remboursés ou alors avec un délai très long. 

Un réseau de solidarité local entre paysannes et paysans

Pour Jeanne comme pour Céline, la tempête a provoqué un choc. Jeanne a même pensé cesser son activité. Le travail administratif, la mobilisation pour obtenir des aides ont aussi requis beaucoup d'énergie. 

Il y a un mois, le Gab29 a refait un état des lieux de l'impact de Ciaran et constaté que peu d'agricultrices et agriculteurs avaient arrêté leur activité ; un tiers se disait cependant fatigué, voire très fatigué. Le travail lui-même est épuisant et le contexte économique (la bio en crise) n'arrange pas le moral des productrices et producteurs. Cependant, la moitié des personnes qui ont répondu ont affirmé aller bien, voire mieux qu'avant la tempête. 

Le Gab 29 a mis en place une cagnotte de dons après la tempête et 24000 euros ont été récoltés ; neuf jeunes exploitations en ont bénéficié dont la ferme de Jeanne Degudes, ce qui l'a remise en selle. Elle a aussi découvert l'aide 'répit" proposée par la Mutualité sociale agricole (indépendamment des tempêtes et catastrophes) qui reste encore peu connue ; la MSA propose également une aide à l'accompagnement psychologique.

À Quimerc'h et Rosnoën, trois fermes mutualisent leur énergie ; celle de Céline, la ferme florale de Lucie et une troisième, en production maraîchère. L'idée est de se donner des coups de main, de venir veiller sur les exploitations des autres en cas de vacances, c'est informel, mais c'est important. 

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