Le rôle des arbres à la Bergerie du Menez-Hom à Dinéault

Publié le 06/11/2023
Il n'y a pas d'image pour ce contenu

Installé à Dinéault depuis 2011, Patrick Sastre-Coader élève 130 brebis et agneaux Landes de Bretagne. Il pratique l'agroforesterie et nous explique le rôle des arbres et arbustes sur les 65 hectares de la Bergerie du Menez-Hom.

La ferme existe depuis 1976 mais elle a bien changé depuis que Patrick Sastre-Coader est le nouveau berger. L'éleveur produit en agriculture biologique, les brebis et leurs agneaux sont en plein air, d'un pré à l'autre sur les collines de Dinéault aux portes de la commune. Même s'il n'a "rien inventé" comme il le précise, Patrick a bien amélioré les pratiques d'agroforesterie et d'éco-pâturage puisqu'il vise l'autonomie maximale. Il a tiré parti des nombreuses haies qui délimitent les parcelles, les enrichit, les entretient, comme il le fait pour les arbres déjà en place, dont certains sont exploités en "trogne". 

La trogne, arbre des champs bien taillé 

La trogne c'est une façon de tailler un arbre en coupant régulièrement les jeunes branches ; on parle aussi d'arbre "têtard" car le tronc se développe bien plus que le houppier. Les branches d'entretien de la trogne peuvent avoir une fonction  fourragère (pour nourrir le bétail)  ; mais elles peuvent être utilisées en fagots pour un four à pizza ou autre ... 

Sur les talus ou dans les haies, on peut aussi tailler les arbustes tous les 5 ans et en faire du bois de chauffe voire utiliser les branches en construction légère. 

Des haies bocagères, un verger voire des vignes : fourrage, ombrage, coupe-vent, fruits

En plus de ses trognes et de ses kilomètres de haies, le berger du Menez-Hom plante aussi des arbres en intraparcellaire, à l'intérieur des champs. 102  frênes, mûriers (feuilles pour animaux), chênes (glands) ont été plantés en ligne dans trois parcelles, au milieu des prés où paissent les animaux. Bien sûr, les jeunes arbres sont protégés de la voracité des ovins (avec un grillage en plastique autour du tronc). Toujours est-il que ces arbres, une fois adultes, apporteront du fourrage (feuilles de mûrier) et de l'ombrage aux brebis et agneaux, déjà prompts à se réfugier sous les arbres des bordures de parcelles. Ces haies ont aussi pour fonction d'abriter les cultures et les animaux du vent : en hiver,  elles permettent de conserver la chaleur et en été de limiter les effets des éventuelles sécheresses. 

agroforesterie-plantations-intraparcellaires-bergerie-Menez-Hom.webp

L'arbre s'intègre donc pleinement au modèle économique de la bergerie du Ménez-Hom, celui de la polyculture-élevage. Patrick songe en effet à se diversifier - surtout si le loup s'installe durablement en Finistère - il a entre autre un projet de verger, et même de vignoble. Aidé par le programme régional Breizh bocage, l'éleveur va même au-delà et plante à ses frais des espèces d'arbres pas forcément endémiques, comme des abricotiers ou des mûriers. Après tout, le changement climatique permettra peut-être une production fruitière à court ou moyen terme, pour l'autosubsistance ou pour proposer d'autres produits à la vente. Patrick envisage aussi d'élever des bovins, et les vaches elles aussi se réfugient toujours sous les arbres dans les champs.