Quelle stratégie alimentaire pour la presqu'île de Crozon et l'Aulne maritime ?
Publié le 04/04/2024Les citoyennes et citoyens du climat de la presqu'île de Crozon et de l'Aulne maritime s'informent, échangent et agissent pour faire avancer la transition climatique. Dans cette émission, on s'intéresse aux enjeux liés à l'alimentation sur le territoire.
Le site internet des Citoyennes et citoyens du climat de presqu'île de Crozon et Aulne maritime
Animé par l'association Energ'ence, le collectif ouvert des citoyennes et citoyens du climat rassemble des personnes de la Communauté de communes de la presqu'île de Crozon et de l'Aulne maritime qui souhaitent agir concrètement.
En septembre 2023, le collectif a participé activement à la journée Le bout du monde met les pieds dans le plat organisé par l'intercommunalité. De nombreuses structures publiques ou privées, associatives notamment, ont participé à cette journée de présentations et d'animations autour des questions alimentaires qui animent le territoire.
Un territoire assez diversifié sur le plan agricole mais un manque de maraichage
Par ailleurs, un Projet alimentaire de territoire intercommunal est en cours. Il a commencé par un diagnostic (livré en 2019) qui a permis de connaître les caractéristiques de la Communauté de communes en matière de production alimentaire. A la source, l'agriculture. En presqu'île de Crozon et Aulne maritime comme partout ailleurs en France, cette agriculture est rarement "vivrière" au sens où elle serait d'abord destinée à nourrir la population locale. Joël Guirriec, éleveur à la retraite et citoyen du climat fait remarquer que les agriculteurs aspirent surtout à "un métier qui leur plaise et les rémunère, sans forcément s'intéresser aux consommatrices et consommateurs* *(ndlr : profils, lieu de vie, etc.). 33 % des exploitations du territoire travaillent néanmoins en circuit court. Le reste des productions est destiné au circuit national ou à l'exportation.
On compte 148 exploitations en 2020 dans la CCPCAM contre 259 en 2000. 10 000 hectares sont exploités en surface agricole utile dont la moitié en herbe (pour le pâturage), un quart en céréales (plutôt pour l'élevage) et 5 % en maraichage. Selon la FAO, il faudrait 0,06 ha pour nourrir une personne (en agriculture mécanisée). Donc sur notre territoire, même en passant en maraichage les surfaces enherbées, on pourrait parvenir à nourrir 16200 personnes (pour 22 400 habitants). Même si elle est actuellement plutôt diversifiée, l'agriculture locale ne pourrait pas nourrir l'ensemble de la population locale, notamment faute de maraichage.
Les actions prévues par la Communauté de communes de la presqu'île de Crozon et de l'Aulne maritime en matière d'alimentation
La Communauté de communes prévoit 4 axes d'action dans le cadre de son PAT :
- Favoriser l’accès à une alimentation de qualité pour toutes et tous
- Accompagner la restauration collective du territoire dans le respect de la loi EGAlim
- Valoriser les savoir-faire agricoles et les produits locaux
- Soutenir et accompagner le développement agricole local
Parmi les 18 actions recensées, plusieurs ont été mises en en place comme les Défis Foyers à Alimentation Positive pour sensibiliser en profondeur à une alimentation durable, la création d'une carte numérique des productions locales. D'autres projets serviront indirectement le soutien aux productions locales, comme la rénovation de l'abattoir avec laboratoire de transformation.
Le levier de la restauration collective est actionné depuis longtemps, notamment par les communes comme Rosnoën et sa cantine particulièrement tournée vers les productions locales. Il peut facilement être développé à l'échelle de la Communauté de communes, notamment en application de la loi Egalim. Les Citoyens du climat font cependant remarquer que le code des marchés publics empêche encore de privilégier les entreprises agricoles ou alimentaires locales.
Les souhaits des Citoyennes et citoyens du climat
D'autres actions demanderont plus de temps. Les Citoyennes et citoyens du climat appellent de leurs vœux la création en presqu'île d'un magasin de producteurs qui rassemble l'essentiel de celles et ceux qui pratiquent la vente directe, et qui soit ouvert tous les jours ou presque (un tel magasin est en projet à Pont-de-Buis-lès-Quimerc'h, pour approvisionner l'est du territoire).
Un autre souhait serait que la collectivité constitue une réserve foncière -dont elle serait propriétaire - spécialement destinée aux activités agricoles ; cela permettrait au passage de réduire l'investissement des jeunes qui s'installent. La piste d'une légumerie intercommunale pourrait aussi être à suivre, comme le font d'autres collectivités (exemple du Grand Cahors).
Pour télécharger le Pat de la CCPCAM et les 18 actions prévues par le Conseil communautaire, rendez-vous sur cette page des délibérations.