Ciné-bouffe : revoir La brigade en savourant un quasi de veau

Publié le 05/11/2024
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Ciné-bouffe /Silence ça touille, la chronique cinéma et cuisine de Christophe Casazza présente trois nouveautés cinéma et nous fait déguster un quasi de veau en revoyant le film La brigade de Louis-Julien Petit.

Aujourd’hui, je vous propose un menu prise de conscience. 

En entrée, je vous propose une soupe de blette que l’on retrouve dans : ‘C’est le monde à l’envers’ de Nicolas Vanier. Le Pitch : C’est l’apocalypse. Plus d’eau, plus d’électricité, plus de réseau, tout s’arrête. Alors, forcément, Stanislas (interprété par Michaël Youn) homme d'affaires parisien, perd tout. Sa seule solution pour s’en sortir, c’est de partir au vert, et cultiver la terre pour survivre. Ce qu’il déteste le plus au monde. Il va alors se réfugier avec sa famille dans une des fermes qu’il a acquises dans un but spéculatif. Le problème, c'est que dans cette ‘exploitation agricole’ vit déjà une famille (composée de Valérie Bonneton et d'Eric Elmosnino) avec qui il va falloir cohabiter, pour survivre et pour essayer de construire un nouveau monde ? Cette fiction pourrait être très crédible, et on croise les doigts pour que cela n’arrive jamais. Heureusement, malgré quelques faiblesses, ce sujet grave, qui porte à réfléchir sur la nécessité de protéger la planète, est traité sur un ton humoristique, joyeux et avec une touche d’optimisme.

À suivre, en plat de résistance, du poisson avec ‘Farios’. Le nom d’une espèce de truite. Pas celle de Schubert, mais celle de Lucie Prost, la réalisatrice d’un premier film magique et qui fait du bien. Je résume : Léo (interprété par Finnegan Oldfield), jeune ingénieur brillant et fêtard qui vit à Berlin, doit rentrer dans le Doubs pour vendre les terres agricoles de son père. Jusque-là, tout va bien, sauf qu’il a l’intention de les céder à une entreprise de forage de métaux rares. Ce qui n’est pas pour plaire à son entourage et on les comprend. Mais rapidement, Léo observe d’étranges comportements chez les farios, les truites qui peuplent la rivière du village. Il se lance alors dans une enquête hallucinante qui va bouleverser la donne et son histoire.

En dessert, je vous propose le succulent film de Boris Lokine : L’histoire de Souleymane. Le Pitch : Dans deux jours, Souleymane, un jeune Guinéen (interprété par le magnifique Abou Sangare), doit passer son entretien de demande d’asile, le sésame pour obtenir des papiers. Tandis qu’il fonce à vélo dans les rues de Paris pour livrer des repas, il répète son texte. Mais Souleymane n’est pas prêt et doit faire face à une société hostile qui ne cesse de l’exploiter. Malgré tout, il garde toujours sa profonde humanité. Avec ce film choc, brillamment documenté sur la vie des sans-papiers, Boris Lokine nous propose une œuvre à couper le souffle, qui redonne un visage aux sans visage, et sans pathos, s’il vous plaît. On salue la performance d’Abou Sangare, acteur non-professionnel lui-même sans-papiers, récompensé à Cannes par le Prix du meilleur acteur dans la catégorie ‘Un Certain Regard’. 

Soirée Silence ça touille devant ‘La Brigade’ le grand film de Louis-Julien Petit

Je vous rappelle le principe de la soirée : on regarde le film tout en mangeant l’un des plats que l’on retrouve dans le film. 

Je dresse le tableau : Cathy a toujours voulu être cheffe dans un restaurant. Aujourd'hui âgée de 40 ans, elle n'a pas du tout réalisé son rêve. Elle est contrainte d'accepter un poste dans la cantine d'un foyer d'accueil de jeunes migrants. Audrey Lamy brille dans une comédie sociale feel-good qui lui va à merveille et à laquelle elle insuffle ce qu’il faut d’empathie et d’énergie. L’humour et de l’autodérision accompagnent un militantisme souriant. C’est du cinéma social et humaniste assez salutaire, et on passe un très bon moment.

LA SCÈNE

Dans la scène qui nous intéresse, Cathy (Audrey Lamy) utilise la métaphore du foot pour présenter sa recette de quasi de veau à ses nouveaux commis qui n’ont jamais mis les pieds dans une cuisine. 

Cathy :

Aujourd’hui, pour notre premier repas on va réaliser un quasi de veau au romarin avec une purée de carottes servie à l’assiette. Pour cela je vais avoir besoin de trois chefs de partie. Premier chef de partie, cuisson rôtisserie. Mamadou, tu seras un peu le Griezmann de la rôtisserie !

Alfa :

Madame, mais, Griezmann, c’est mon joueur préféré. 

Mamadou : 

Mais non, c’est la chef qui choisit, tu laisses la chef choisir !

Alfa :

Mais, moi, j'aime bien Griezmann.

Cathy (imperturbable) :

Deuxième chef de partie, garniture…Djibril. Tu as des carottes à éplucher, des aromates à émincer…et ça, c'est le rôle d’un attaquant. Tu seras accompagné de deux commis Mouhamad et Héracli. Troisième chef de partie…le saucier…important…Alfa. 

Alfa saute de joie

Cathy : 

Très bien Alfa, de la rigueur 

Alfa :

Je vais faire la meilleure sauce du monde. 

Cathy :

Parfait ! En défense…Boubakar…Choy..Yadaf…vous serez au service tous les trois…vous serez responsables du dressage des tables, donc je veux une belle posture. Parce que vous êtes le premier contact avec la clientèle. Sourires… Attentifs ! Et enfin, y a pas d’équipe s'il n’y a pas un bon gardien de but…Et j’ai choisi… Il est exceptionnel… Gusgus, c’est pour toi. Tu seras à la plonge…grosse responsabilité parce que tu devras intercepter les déchets et les trier. Nettoyer tous les ustensiles, d’accord ? 

Gusgus :

Oui, chef !

Cathy :

Aujourd’hui, on est une équipe. On forme une brigade. Donc, moi, là maintenant je compte sur vous. Est-ce que c’est clair ?

Tous les commis (à haute voix) :

Oui, chef !

Cathy :

Est-ce que c’est clair ?

Tous les commis (encore plus fort) :

Oui, chef !

La recette du quasi de veau au romarin

Le quasi de veau est un muscle fessier ; c'est l'un des meilleurs morceaux de veau à rôtir. 

On préchauffe le four à 180 °C. On chauffe un filet d’huile d’olive dans une cocotte allant au four, et on commence par saisir la viande rapidement, à feu vif, de tous les côtés. Comme ça les sucs qui vont caraméliser vont permettre de retenir un maximum de jus à l’intérieur. 

On enlève la viande, et on déglace les sucs avec 10 cl de vin blanc. On gratte les sucs avec une cuillère en bois pour les détacher. On ajoute une belle branche de romarin et une tête d’ail coupée en deux. On laisse cuire 5 minutes en remuant

On enfourne, 20 minutes par 500 grammes. Pendant la cuisson, on arrose le quasi avec le jus à mi-cuisson et on ajoute un peu d’eau et de vin blanc dans le plat si nécessaire. Il faut qu’il reste en permanence 1 cm de liquide au fond de la cocotte.

À mi-cuisson, on ajoute, autour du rôti, quatre carottes taillées en sifflet et quelques pommes grenailles épluchées et coupées en deux. À la fin de la cuisson, on laisse reposer le rôti 15 minutes. On sort le rôti et les légumes de la cocotte, on ajoute 30 grammes de beurre, on porte le jus à ébullition et on assaisonne à sa convenance. Il ne reste plus qu’à servir à l’assiette le rôti tranché, avec la sauce et les légumes.

Le film ‘la Brigade’ est diffusé en ce moment sur France 2, en replays et que l’on peut trouver également en DVD. 

Bon appétit !