Ciné-bouffe : films aux saveurs d'automne, hommage à Michel Blanc et choucroute
Publié le 08/10/2024Ciné-bouffe/ Silence ça touille, la chronique cinéma et cuisine de Christophe Casazza, nous fait déguster trois nouveaux films aux saveurs de l'automne et rend hommage à Michel Blanc, en terminant par une recette de choucroute.
Au menu de la semaine je vous propose
En entrée, une assiette de champignons avec le dernier film de François Ozon Quand vient l’automne. Un beau film, sensible, tout y est agréable, aussi bien l’interprétation d'Hélène Vincent que celle de Josiane Balasko, le scénario avec ses rebondissements inattendus. Le tout dans un joli décor d’automne, une saison tout en nuance, avec ses feuilles qui tombent à l’allure du film. Malgré des symboles au trait un peu grossit, François Ozon nous signe un film délectable sur la toxicité des champignons et surtout des liens familiaux.
En plat de résistance : le chef vous propose All we imagine as light. Le premier long métrage de fiction de l’Indienne Payal Kabadia, palme d’or à Cannes. Elle nous propose la chronique inspirée de trois existences de femmes, leur rapport aux hommes et au désir, à la loi, à la justice et à la transgression. C’est un long-métrage d’une grande beauté, délicat, avec ses jolis silences et sa touche de fantastique. Les comédiennes sont superbes et le traitement de l’image est original. La lumière bleu/gris, dans le sud Finistère on dirait glazik, donne une touche mélancolique au film. Un arrière-goût entre romantisme et agréable déprime. Et le film compte quelques scènes de cuisine.
Pour le dessert, ce sera Beetlejuice, Beetlejuice. Le dernier film de Tim Burton est la suite savoureuse de son classique de 1988. Réinventé dans la joie, c’est un film vivifiant, entre cadavre exquis et rêve débridé. La mise en scène va à cent à l’heure, le casting est de luxe, si on oublie les petites incohérences entre les deux films, les rebondissements sont bien ficelés, et nous offrent un très bon moment de divertissement. Et ça fait du bien en ces temps qui courent un peu sur la tête. Et pourquoi le citer dans cette chronique ? Parce que "beetlejuice" signifie betterave en anglais.
Discussion sur le végétarisme dans Je vous trouve très beau avec Michel Blanc
Pour la séance de Silence, ça touille ! je voulais rendre un hommage à Michel Blanc. En vous proposant de le revoir dans l’un de ses plus beaux rôles, dans Je vous trouve très beau un film d’Isabelle Mergault. Ce film campagnard s’ouvre sur une scène alimentaire entre Agnès Boury qui joue Huguette Pigrenet, la femme de Michel Blanc et Madame Lochet interprétée par la délicieuse Lilliane Rovere, sa cliente. Ça mord un peu les végétariens, et de temps en temps, ça fait du bien !
Alors qu'Huguette Pigronet est en train de nourrir ses bêtes, Madame Lochet, personnage atrabilaire, fait son arrivée pour acheter des poulets pour le repas de sa belle-fille. Elle est, rageusement, accueillie par le chien de la ferme, un gentil animal, qui visiblement ne la porte pas dans son estime.
-Mme Lochet
-Madame Pigronet !
-Huguette : Oui ?
-Mme Lochet : Je ne sais pas ce que je vais faire à ma nièce, elle est végétarienne.
Huguette pèse un bon gros poulet
-Huguette : Deux kilos cent !
-Mme Lochet : Elle veut pas qu’on tue les animaux, mais comme dit mon fils, on va pas les manger vivants ! C’est encore un sacré celui-là. Pas plus tard qu’hier…
Huguette (lui coupant la parole) : Je lui coupe la tête ?
-Mme Lochet : Vous s’rez gentille !
Huguette, d’un seul coup de hache, coupe la tête du poulet.
-Mme Lochet : Elle mange que des légumes. Mais moi l’autre jour, je lui ai dit : Mais qu’est-ce que t'en sais si la carotte elle souffre pas quand on l’arrache ?
Huguette approuve d’un hochement de tête
-Mme Lochet : Hein, qu’est-ce que t’en sais ? C’est pas parce qu’il y a rien qu’elle souffre pas ?
-Huguette (coupant une seconde tête) : Hein…Rien…On n’en sait rien !
-Mme Lochet : Total, vous savez quoi ? Elle mange plus de carottes !
Huguette pose trois poulets devant sa cliente.
-Huguette : Les trois, ça fait trente euros et cinq centimes.
-Mme Lochet (fouillant dans son porte-monnaie) Ah ! Zut. J’ai pas les cinq centimes…Ou bien vous me faites la monnaie sur vingt.
-Huguette (époustouflée de l’aplomb de la radine) Bon, ça ira…mais…
Pour une joyeuse soirée de ciné-bouffe Silence, ça touille ! Je vous propose de déguster ce film sur France 2 en replay, et de l’accompagner d’une recette de choucroute que j’ai voulue à la roumaine. La choucroute, c'est le plat vedette de ce film, puisque le personnage de Michel Blanc qui ne veut pas dire qu’il va se chercher une femme en Roumanie, fait croire à tout le monde qu’il se rend dans un salon de l’agriculture en Allemagne, à Hanovre, et propose comme preuve de ramener une choucroute. Choucroute qu’il achète en boîtes, au supermarché. Moi, je vous propose une vraie recette maison qui devrait régaler les amateurs du genre.
Choucroute de canard à la roumaine
Dans un gros fait-tout de préférence en fonte, dans deux cuillères à soupe d’huile, vous faites revenir quatre cuisses de canard. Quand elles sont bien dorées. On les retire et on les réserve.
Dans la même graisse, on fait revenir deux oignons hachés et une cuillère à soupe de graines de poivre.
On ajoute une couche de choucroute crue (1,5 kg). Quelques grains de genièvre, et on remet les cuisses de canard. On recouvre avec le reste de choucroute. On pose sur le dessus quatre belles tranches de poitrine fumées. On ajoute un demi verre de vin blanc sec. Et deux verres d’eau pour recouvrir un peu la choucroute. On verse 500 g de purée de tomate.
On couvre, et on laisse cuire 1 h 30, à feu doux.
On ajoute un poivron émincé et une cuillère à café de paprika.
On laisse cuire encore une demi-heure pour que le canard soit bien fondant. On vérifie qu’il y a toujours un peu d’eau, sinon, on en rajoute.
Pour finir, on fait dorer au four chaud 15 minutes.
On sert accompagné de pommes vapeur ou de polenta. D’un bon vin blanc d’Alsace comme un Sylvaner de chez Binner ou un Zind de chez Humbrecht.
Une grande soirée en perspective.