L'instruction en famille, l'autre façon de faire école

Publié le 14/11/2024
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Alors que les enfants sont de plus en plus coupés du dehors, de la vie sauvage, des éléments et des vivants non-humains, les parents et l'association Autour du feu se mobilisent pour défendre une autre vision de l'école ; l'instruction en famille en fait partie. Or, les refus d'autoriser cette "école à la maison" se multiplient dans le Finistère. 

La page Facebook de Instruction en famille du Finistère / IEF 29

Le site internet de la forest school Autour du feu 

Jusqu'en 2021, la loi prévoyait une simple déclaration quand on souhaitait instruire soi-même ses enfants. L'État était informé que les enfants étaient bel et bien instruits et un contrôle régulier permettait de s'assurer de la qualité de cet enseignement dispensé le plus souvent par les parents. Depuis la loi du 24 août 2021 (dite Pour le renforcement de la République), il faut désormais obtenir l'autorisation, chaque année, d'instruire ses enfants en famille, par dérogation. Quatre cas sont prévus pour "justifier" cette dérogation : un handicap, le nomadisme des parents (gens du voyage, artistes), une pratique sportive intensive et une "situation propre". Mais cette dernière n'est pas vraiment définie et laisse place à l'arbitraire. Le 18 septembre 2024, la directrice générale de l'enseignement scolaire a évoqué d'elle-même la nécessité de réduire le nombre d'enfants instruits en famille, en forte augmentation après le Covid, sans invoquer d'inconvénients réels de cette pratique. 

Des refus d'instruction en famille alors qu'elle atteint ses objectifs d'apprentissage

De plus en plus, les familles font face à des refus, même quand elles assurent cette instruction depuis la naissance de leurs enfants. Les arguments de l'administration sont peu convaincants et n'ont rien à voir avec la réussite scolaire des enfants qui atteint 98,7 % (taux de contrôles positifs par l'inspection de l'Éducation nationale), ni avec des pratiques radicales ou sectaires. Lhena et Mathilde sont dans ce cas. L'une avait le projet d'instruire ses enfants en famille "avant même leur naissance" et l'autre s'est tournée vers ce choix après la pandémie de Covid, pour répondre aux besoins de sa fille. Toutes deux ont dû faire face au refus de l'administration, ne s'y sont pas plié et elles se trouvent donc "hors la loi". Le taux de refus atteint désormais près de la moitié des demandes. Désemparés, les parents en appellent à l'intérêt supérieur des enfants et invoquent la Constitution qui prévoit qu'on puisse bel et bien instruire soi-même ses enfants.  C'est le cheval de bataille de l'association IEF 29 - Instruction en famille du Finistère - et les refus seront portés devant la justice.

Des enfants qui sont socialisés, ouverts et dont les besoins sont respectés

Ces familles se voient beaucoup au sein de l'association, ce qui permet à leurs enfants de se socialiser et de rencontrer d'autres enfants ; IEF 29 compte 80 membres et organise de nombreuses activités. Bien d'autres avantages à l'instruction en famille sont pointés : souplesse des horaires qui limite la sédentarité et respecte les rythmes biologiques de l'enfant, possibilité d'approches différentiées (sensorielles, sous forme de visites, manuelles) et d'un enseignement sur mesure, plus faciles à mettre en œuvre que dans des classes à effectifs nombreux, contact renforcé avec l'extérieur et la nature (qui fait défaut aux jeunes comme le pointe un récent rapport du Haut conseil de la famille), moindre coût pour la collectivité...

Julie Ricard qui dirige la "forest school" Autour du feu à Plonéis a quant à elle obtenu l'autorisation d'instruction en famille pour cette année. Sans doute est-ce une reconnaissance de son travail d'éducation et formation auprès de toutes sortes de publics (enfants et adultes) par le contact avec la nature et la forêt. Elle est aussi membre de l'association IEF29 : Instruction en famille du Finistère et elle craint de perdre son droit ces prochaines années.