Écouter le handicap à l'école : au Portugal
Publié le 27/11/2024Dans le cadre d'un projet Erasmus+, les professionnelles de l'école Pierre Douguet à Dinéault vont partir plusieurs fois à l'étranger. L'objectif de ce projet est notamment de voir comment est pensé et mis en pratique l'accueil des élèves en situation de handicap à l'école. Les élèves de CM1-CM2 ont eu la chance de les interviewer avant et après leur premier voyage au Portugal.
L'interview d'avant départ : un beau programme !
Elles sont huit à partir pour ce premier séjour au Portugal. Pour répondre aux questions des élèves avant leur départ, on retrouve quatre d'entre elles avec Agnès Hubert, enseignante spécialisée du R.A.S.E.D, Ingrid Berthou, psychologue scolaire auprès de 16 écoles du secteur, Béatrice Neveu, professeur des écoles en classe maternelle et Élise Laouénan, maîtresse des CM à l'école Pierre Douguet à Dinéault.
Au cours des années scolaires 2024/2025 et 2025/2026, Ingrid Berthou, Agnès Hubert, les professeurs, les ATSEM et les AESH de l'école Pierre Douguet à Dinéault vont avoir l'occasion de partir à l'étranger pour observer des manières d'enseigner et des fonctionnements différents. L'idée est de s'intéresser à des pays reconnus pour leurs réflexions sur l'inclusion c'est à dire des pays qui réussissent à ce que les élèves avec leurs difficultés restent en classe ordinaire. Parmi ces pays, on retrouve le Portugal, la première destination au programme de ce projet Erasmus+.
Pendant 10 jours, les finistériennes ont prévu des rencontres avec des professionnel·le·s et des temps d'observation dans des écoles et dans un service spécialisé sur l'autisme à Porto et à Madère. Elles s'intéressent à la prise en charge du handicap de manière globale mais aussi au bien être général de tou·te·s les élèves et professionnel·le·s de l'éducation. A leur retour, l'objectif est de proposer un temps de partage d'expériences avec les autres professionnel·le·s du secteur.
Toutes les quatre sont très enjouées de partir au Portugal car, comme le dit Béatrice Neveu, "c'est toujours riche d'apprendre à n'importe quel âge, et nous sommes heureuses de continuer d'être chercheuses dans nos professions".
L'interview d'après séjour : un voyage enrichissant
Deux jours après leur retour du Portugal, Ingrid Berthou, psychologue scolaire, Béatrice Neveu, professeur des écoles en maternelle, Amandine Le Bouder, AESH et Élise Laouénan, maitresse des CM sont de retour au micro pour répondre aux nombreuses questions des CM1-CM2.
Au Portugal, les finistériennes ont été accueillies dans des classes vastes et bien équipées avec 3 à 4 adultes. Les effectifs sont en moyenne de 20 élèves. Quand il y a des élèves en situation de handicap dans la classe, l'effectif est réduit pour un meilleur accueil. Les apprentissages ont l'air de ressembler aux pratiques qui existent en France. Mais il y a un plus grand usage de l'informatique, même en maternelle. Béatrice Neveu rappelle que l'usage des écrans est déconseillé avant 4/5ans.
Les professionnelles du Finistère ont pu observer des interactions très intéressantes entre les élèves et les professeurs, échanger avec des professionnel·le·s, visiter un centre qui accompagne des adultes et des enfants autistes. Au Portugal, on ne parle pas de "handicap" mais de "besoins spécifiques". Pour Amandine Le Bouder, cet autre regard porté sur le handicap est très intéressant. L'équipe de Dinéault a aussi apprécié le travail sur l'empathie et l'acceptation des différences qui était visible dans les écoles avec des fresques et des affiches aux murs.
Au Portugal, tous les enfants sont scolarisés ensemble. Il existe ainsi beaucoup moins de structures spécialisées. Les professionnel·le·s du Portugal ont été très étonné·e·s d'apprendre qu'en France tou·te·s les élèves n'étaient pas accueilli·e·s en classe ordinaire en fonction de leur handicap et qu'il existe des hôpitaux de jour pour les enfants en situation de handicap. Les portugais·es étaient aussi choqué·e·s d'apprendre le nombre d'élèves par classes (30 élèves en classe de maternelle) et l'effectif que doit suivre Ingrid Berthou en tant que psychologue (1700 élèves dans 16 écoles). Si il y a des enseignant·e·s spécialisé·e·s dans les classes au Portugal, il n'existe pas d'AESH. Amandine Le Bouder considère que cela peut entraîner des difficultés pour certains élèves notamment pour des enfants avec un trouble autistique.
De ce séjour, l'équipe de Dinéault retient l'intérêt d'afficher des outils aux murs, l'aménagement des tables et la grande présence des pratiques artistiques. Elles ont été aussi confortées dans l'importance de l'école du dehors pour le bien être des enfants. Elles ont surtout été interpellées par le petit nombre d'élèves et la présence de plusieurs adultes par classe. Des critères sur lesquels elles ne peuvent pas intervenir...
En quelques mots, ce premier voyage à l'étranger a été "enrichissant, passionnant, formidable, intense, mais avec aussi un retour un peu fatigant".