16 femmes remarquables de l'histoire de Brest
Publié le 19/12/2023Historien de Brest, Benoît Quinquis nous présente 16 femmes remarquables qui sont nées ou ont vécu dans la cité du Ponant depuis le 17e siècle.
Une émission trimestrielle proposée par Benoît Quinquis, philosophe et historien mais aussi dessinateur caricaturiste sous le pseudonyme de Blequin.
Les versions écrites sont à retrouver dans le magazine Côté Brest pour lequel Benoît Quinquis écrit des chroniques historiques (liens dans l'article)
Louise de Keroual (1649-1734),
Cette jeune brestoise de petite noblesse est devenue demoiselle d’honneur de Madame, l’épouse du frère du Roi mais aussi sœur du roi Charles II d'Angleterre qui fut séduit par Louise et en fit sa favorite jusqu'à sa propre mort. Le roi reconnut même le fils de Louise qui termina quant à elle ses jours à Aubigny après avoir dû revendre en 1716 et son hôtel particulier de Brest, situé rue des Sept-Saints.
On ignore beaucoup de choses de la Belle Tamisier, sa date de naissance pour commencer. Elle était la belle-fille de Vincent Portier, dit La Tulipe, tambour-major de Brest. Ce dernier en vint à reprocher à sa bru d'être sans doute trop libre et légère et il la fit enfermer au Refuge royal, géré par les sœurs de Saint-Thomas de Villeneuve qui y faisaient régner une rigueur extrême. Dès son entrée, elle aurait déclaré «Je vais faire mon carnaval !» Le 10 février 1782, soit dix jours après son entrée, le Refuge fut entièrement détruit par un incendie : il est à peu près sûr que le feu s’était déclaré dans la chambre de la Belle Tamisier dont on perdit alors la trace...
On peut parler de romancière avant-gardiste puisqu'elle publie dès 1823 le roman Ourika, sans doute l’un des premiers romans antiracistes de l’histoire. Il raconte la vie d’une enfant noire offerte à une famille aristocratique qui lui offre une véritable éducation mais lui refuse le mariage avec l'homme qu'elle aime. Dans Olivier ou le secret, elle traite de l’impuissance et de l’homosexualité ; et le livre ne sera édité qu’en 1971 !
Elle se fait appeler Eudoxie Françoise Péan de la Roche-Jagu mais sa noblesse est fictive. Ce qui est réel c'est son intention de mener une carrière de pianiste. Après la représentation à Brest de l'opéra qu'elle a composé La Jeunesse de Lully en 1847, elle monte à Paris et persévère ...sans jamais percer et meurt dans le dénuement. Elle a laissé des Mémoires artistiques, parues en 1861, dans lesquelles elle livre une version très idéalisée de sa vie.
Léocadie Hersent-Penquer (1817-1889),
Née le 14 février 1817 à Lannilis, cette poétesse est d'abord veuve d'un officier puis trouve finalement le grand amour auprès du docteur Salaun-Penquer (qui deviendra maire de Brest par la suite).
Sa carrière poétique commence en 1862 avec la publication des Chants du foyer qui lui vaut de nombreuses félicitations du monde littéraire. Elle bénéficiera d'une certaine reconnaissance, écrivant même une épopée (Velléda) mais consacrera la fin de sa vie à sa famille plutôt qu'à son œuvre.
Une petite femme mais très solide, Nathalie Le Mel née Duval à Brest en 1826, sera de tous les combats de son temps : luttes ouvrières et syndicales, Commune de Paris ; ce qui lui vaut d'être envoyée au bagne en Nouvelle-Calédonie, avec Louise Michel. Graciée en 1879, elle revient en métropole et poursuit ses combats jusqu'à sa mort.
Née à Brest en 1835, fille d'Emile Souvestre, Marie s'illustre en Angleterre en tant que pédagogue d'avant-garde, suggérant notamment l'autonomie de l'enfant. Elle est aussi féministe et devient même la conseillère d’Eleanor Roosevelt.
Béatrice de Trobriand (1850-1941)
Avec deux mariages malheureux et aucun de ses 4 enfant ne lui ayant survécu, la vie de cette comtesse, installée au manoir de Ker Stears, (actuel lycée Fénelon), aurait pu n'être teintée que de sombre. Elle a cependant utilisé son argent fort généreusement, devenant une philanthrope très appréciée, aidant aussi bien les vieux ouvriers de son premier mari, que les malades, handicapés, veuves, orphelins, ou victimes de guerre. Elle crée les premières sociétés de Secours mutuels de la région…
Mathilde Delaporte (1866-1941)
Elle grandit entre Lannilis et Brest avant de s'installer avec son mari dans les Côtes d'Armor. Elle publiera d'ailleurs La petite fille de Lannilis, mais aussi et surtout plusieurs recueils de poèmes, souvent primés et plusieurs fois par l'Académie française (En demi-teintes, 1913, La Glèbe humaine, en 1928). Elle a aussi été journaliste, notamment dans le domaine du tourisme.
Rendue partiellement aveugle et totalement sourde par une rougeole, Marie Lenéru a cependant continué à s'instruire et à écrire. Elle a notamment fait connaître en France l'histoire d'Helen Keller (américaine sourde, muette et aveugle de naissance, première personne handicapée à obtenir un diplôme universitaire). Son théâtre, très intellectuel, est un peu tombé dans l'oubli même s'il lui a valu la reconnaissance du tout-Paris et notamment de Léon Blum.
Cette chanteuse extrêmement populaire dès le début du XXe siècle est née à Lambézellec. Elle quitte cependant la Bretagne en 1900 pour s'installer comme femme de chambre à Saumur mais c'est une petite annonce qui lance sa carrière de chanteuse à Paris. Interprète et non autrice de ses chansons, elle choisit cependant les thèmes qu'elle chante et s'intéresse aux questions sociales de son temps.
Clotilde Bauguion-Cariou (1887-1976)
Née à Gouezec, Clotilde Bauguion exerce le métier d’institutrice d'abord dans le Sud-Finistère où elle commence à écrire de la poésie qui la console de son veuvage. Ses textes sont cependant souvent empreints de nostalgie et de souffrance. Elle y fait aussi beaucoup référence au Finistère : Locronan, mais aussi Brest où elle a vécu huit ans.
Quel destin que celui de cette suissesse alémanique venue à Brest en 1935 dans le but d'en apprendre davantage sur les sous-marins. Elle séduit plusieurs officiers français, conquis par sa beauté et travaille bel et bien pour le nazisme. Arrêtée et accusée d'espionnage, elle est cependant condamnée à une faible peine (9 mois de prison) et renvoyée en Suisse où elle meurt en 1982, non sans avoir exercé ses talents dans bien d'autres pays entretemps.
Le moins qu'on puisse dire, c'est que cette jeune femme est une sportive. Son père tient un magasin de cycles à Kerinou et c'est donc vers le vélo qu'elle s'oriente naturellement, après avoir aussi testé le basket et la natation. Elle participe à des courses et les remporte, préférant la compétition sur route à celle sur piste.
Jeannette Bouillol (1915-2006),
Moins connue que Berthe Sylva, Jeannette Bouillol a bénéficié d'une belle notoriété locale comme chanteuse de coeur, notamment dans les hôpitaux en soutien aux malades. Son fils Jacky est lui-même connu aujourd’hui en tant que pianiste et membre des Goristes.
Interprète pour l'armée, reportrice, cette aventurière avant tout a aussi passé son brevet de pilote d'avion. Elle est aussi l'autrice de poésies, pièces de théâtre, roman, livrets d’opéras et même d'une BD réalisée à 97 ans lors de sa retraite brestoise !