Korrigwyn : une terre lesbienne et écoféministe dans le Morbihan

Publié le 20/06/2024
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Dans le Morbihan des années 1990, des femmes lesbiennes se sont rassemblées pour vivre en communauté et mettre en pratique une forme d’écoféminisme. Cette terre, baptisée “Korrigwyn” a permis à ces femmes d’exprimer leur liberté d’exister, hors du patriarcat et hors du capitalisme. Au micro de Transisto’ch, Ilka et Carole, deux amies qui ont vécu sur cette terre, nous racontent leur histoire et les réflexions autour ce lieu. 

Une écologie féministe en pratique

Le terme écoféministe ne date pas d’hier, et nous vient en France, de Françoise d'Eaubonne (née en 1920), femme de lettre et pionnière de l’écoféminisme Français, se bat contre toute domination et rend visible cette thèse dans les années 1950/60, qui fait le lien entre destruction de la nature, capitalisme et Patriarcat. 

Korrigwyn, à l’image de cette pensée, s’extrait du patriarcat en créant une bulle d’écologie sans hommes et sans intrants, en deux mots : agroécologie et lesbianisme. C’est donc un lieu en non-mixité, végétarien, “non-fumeuses”, où l’on cultive pour se nourrir tout en respectant les cycles naturels des sols. Korrigwyn c’est une terre libertaire, où chacune est libre de faire ce qui lui plaît : venir en vacances, s’y installer, apprendre à cultiver, s’occuper des chevaux, proposer des projets agricoles, faire des activités artistiques, tout est possible ! 

Se réapproprier sa liberté par le travail à la ferme

Pour tendre à une autonomie, il fallait se mettre aux travaux manuels et agricoles. Ilka, porteuse du projet, s’occupait du pain, du potager, des juments, et bien d’autres encore, son rêve à elle c’était de vivre en communauté à  Korrigwyn. En vivant sur cette terre, il y avait comme une nécessité de se réapproprier son corps par le travail physique, “tout était fait par les femmes” nous dit Ilka.  Reprendre le pouvoir en se sentant capable et indépendante dans une société où l’on écrasait et écrase toujours le corps des femmes. Carole, quant à elle, oscillait entre Paris et  Korrigwyn, où elle s’est rétablie de son cancer. Elle dit avoir trouvé une forme d’équilibre entre monde urbain et rural, même si aujourd’hui elle vit uniquement en pleine nature pas très loin d’Ilka. En outre, ces terres de femmes, vues comme marginales à l’époque, intéressent aujourd’hui, à juste titre, de nombreuses étudiantes, chercheuses, documentaristes, qui mettent en lumière l’indépendance de ces femmes et la pertinence de penser le féminisme en corrélation avec l’écologie. 

Pour en savoir plus 

Une vidéo sur Françoise d'Eaubonne et l'écoféminisme.

Fête d'été à Korrigwyn :

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Un prospectus de Korrigwyn datant d'octobre 1995 :

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