La sororité et comment la renforcer

Publié le 13/05/2024
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Experte en égalité entre les femmes et les hommes, Maryne Bruneau revient sur la notion de sororité, la solidarité entre femmes. Est-elle une réalité ? Qu'est-ce qui peut l'entraver ? Comment la faire progresser ?

Le site internet d'Egaluce, cabinet conseil de Maryne Bruneau

Réécoutez notre interview de Maryne Bruneau sur le syndrome de l'impostrice

La sororité c'est la solidarité entre femmes ; une définition plus neutre que celle qui se construirait par rapport à la fraternité. Le mot est très ancien mais son usage n'est de retour que depuis quelques années, à partir des milieux féministes et militants. 

Derrière le concept, la réalité est parfois très contrastée. Alors qu'il pourrait paraitre évident qu'une solidarité des femmes comme minorité aille de soi, on assiste souvent au contraire à une compétition, voire à des attaques. Aussi les chanteuses Aya Nakamura (chanteuse française la plus écoutée au monde) et Taylor Swift (première femme à devenir milliardaire grâce à sa musique) qui ont été ciblées par des campagnes hostiles, ont aussi compté nombre de femmes parmi leurs détractrices. 

Le sexisme des femmes, toujours présent

Les raisons de cette non-solidarité sont multiples : conflit de valeurs (le racisme, dans le cas d'Aya Nakamura l'a clairement emporté comme motivation des attaques). Si on peut comprendre que des femmes s'opposent entre elles pour des raisons politiques, encore faut-il que la critique ne soit pas liée au genre de la personne ciblée. "En clair, avant de critiquer une femme, demandez-vous si vous emploieriez les mêmes mots ou les mêmes arguments si elle était un homme" suggère Maryne Bruneau.
Car les femmes aussi peuvent être sexistes envers leurs paires (ou leurs "maires") ! L'éducation des jeunes filles reste largement orientée par le patriarcat : le féminin se définit surtout par rapport à ce qu'attend le masculin, autrement dit autour d'un enjeu de séduction qui met en compétition les femmes plus qu'il ne les rassemble. Des femmes d'ultra-droite (incarnées par des groupes comme Némésis) se déterminent comme féministes mais en fonction de critères qui maintiennent les femmes sous domination masculine : être d'abord mères, ne pas travailler, être au service de leurs conjoints, etc. Elles cibleront alors les femmes qui incarnent une liberté et une existence en dehors de ces normes (les femmes dites "puissantes"). 

La sororité, ça se cultive 

Pour ces raisons, la sororité doit être d'abord un acte volontariste. Les femmes doivent prendre conscience que le soutien entre elles est une force, que ce soit être une priorité. Si les réseaux sociaux numériques restent largement des terrains de concurrence entre femmes, ils peuvent aussi faire naître des communautés sororales comme le mouvement "body positive" qui invite les femmes à valoriser leur corps en passant outre les critères de beauté imposés par le monde masculin. Bien qu'elle soit dévoyée par le marketing, la sororité est un engagement conscient qui doit aussi transcender les générations et qui est un travail de tous les instants... 

Un test : dans un espace mixte mêlant par exemple des couples hétérosexuels il est intéressant d'observer la réaction des femmes lorsqu'un des hommes tient des propos sexistes.