Eau et rivières de Bretagne : l'usine de méthanisation de Châteaulin en procès à Quimper

Publié le 28/09/2023
Il n'y a pas d'image pour ce contenu

Le 28 septembre 2023 le tribunal correctionnel de Quimper examine les plaintes qui font suite à l'accident de l'usine de méthanisation de Châteaulin en août 2020 : une fuite d'azote s'était répandue dans l'Aulne, entraînant une suspension des captages d'eau potable de 120 communes du sud du Finistère. L'association Eau et rivières de Bretagne et d'autres avaient alors porté plainte. L'audience est l'occasion d'interroger les implantations d'usines de méthanisation et le fait que l'État les autorise sans étude environnementale préalable. 

Le site internet de l'association Eau et rivières de Bretagne 

Ce 28 septembre 2023, le tribunal correctionnel de Quimper juge Engie, propriétaire du méthaniseur de Châteaulin, qui avait privé d'eau potable 180 000 personnes le 17 août 2020. Ce jour-là, une cuve de la centrale de méthanisation de Châteaulin débordait à la suite d'un incident technique. 400 m3 de digestat se déversaient dans l'Aulne, située en contrebas, juste en amont de l'usine d'eau potable, rendant l'eau du robinet impropre à la consommation : 180.000 personnes étaient privées d'eau potable.
Suite à cette pollution, Eau et Rivières de Bretagne a déposé plainte et organisé, dans le même temps, une manifestation pour dénoncer le développement anarchique et les dérives de la méthanisation. 
D'autres plaintes ont suivi celle d'Eau & Rivières de Bretagne et le procès en correctionnel permet donc des débats contradictoires, ce qui est loin d'être le cas de nombreuses affaires de pollution. 

Engie jugé pour plusieurs délits d'atteinte à l'environnement à Châteaulin

Engie, propriétaire de l'usine, doit répondre de plusieurs délits : "déversement de substances nuisibles dans les eaux souterraines, superficielles ou la mer" et de "pollution par rejet en eau douce ou pisciculteur de substances nuisibles au poisson", a déjà annoncé la procureure de Quimper, Carine Halley. Engie n'a pas non plus respecté "les mesures prescrites par arrêté pour la protection de l’environnement". 

Pour le directeur d'Eau & rivières de Bretagne Arnaud Clugery, ce procès est aussi l'occasion de dénoncer le risque industriel qu’on fait courir à nos rivières en raison des dérives de la méthanisation, notamment l'autorisation par l'État d'implantations de telles unités - qui traitent essentiellement les effluents d'élevages industriels porcins pour les transformer en énergie - sans véritable étude d'impact sur l'environnement au préalable. Un recours d'Eau & rivières de Bretagne a d'ailleurs été déposé auprès du tribunal administratif contre un projet d'implantation d'un autre méthaniseur à Guiscriff.