L'élevage des larves de Mulettes perlières pour préserver l'espèce

Publié le 10/10/2024
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Bretagne vivante nous explique la stratégie adoptée pour préserver la mulette perlière, moule d'eau douce qui survit dans les rivières des monts d'Arrée : on prélève les larves — les glochidies — qu'on élève et qu'on réintroduit dans leur milieu naturel.

Le site internet de Bretagne vivante 

Le programme de préservation de la mulette sur le site de la Fédération de pêche du Finistère

Une précédente émission sur la Mulette perlière ; et une autre ; un reportage in situ sur le suivi des mulettes perlières dans l'Ellez

La Mulette perlière est une des 12 espèces de bivalves d'eau douce qu'on peut trouver dans les rivières bretonnes. Elle était justement pêchée autrefois pour les (rares) perles qu'elle produisait et elle est aujourd'hui en danger d'extinction. La Bretagne compte 4 à 5 % de la population nationale de Mulette perlière dans une vingtaine de rivières, notamment dans les monts d'Arrée et en particulier dans l'Ellez.

L'élevage des larves de mulette, une stratégie radicale de préservation

Pour préserver la Mulette perlière, espèce parapluie qui est aussi un indicateur de la santé des milieux naturels, la stratégie choisie en 2010 a été d'élever les larves de la moule en milieu protégé. Le cycle de la Mulette perlière est en effet très long et une régénération naturelle de l'espèce pourrait prendre trop de temps, sans permettre aux populations de vraiment se renouveler. L'élevage des glochidies (nom des larves de mulette) en station est donc un coup de pouce, mais qui nécessite des interventions humaines complexes, assez longues et intrusives. 

D'abord, entre juillet et octobre, il faut repérer les "mères" dans le milieu naturel, on les place dans des boites remplies d'eau douce et l'opération elle-même déclenche le largage des larves qui sont ainsi récupérées (les mères sont réimplantées dans la rivière). En milieu naturel, les glochidies s'infiltrent dans les branchies des truites où elles grandissent jusqu'au printemps (sans trop affecter les poissons). Pour coller à ce surprenant processus de reproduction en milieu contrôlé, il faut donc des truites. 

La station du Favot à Brasparts, à la pointe de l'élevage des glochidies

C'est à la pisciculture du Favot à Brasparts que Bretagne vivante travaille avec la Fédération de pêche du Finistère pour l'élevage des glochidies, depuis 2010. La station compte un laboratoire dans lequel on peut contrôler les branchies des truites, trier les mulettes, les observer et les compter, préparer leur nourriture. Après l'enkystement (l'introduction de glochidies dans leur branchies) les truites consacrées à l'élevage des larves sont isolées des autres poissons de la pisciculture. 

Deux salles d’élevage de mulettes accueillent ensuite les petites moules lorsqu'elles ont quitté leur hôte truite. On les fait grandir quelques années avant de les réimplanter dans leur rivière d'origine. On évite de mélanger les populations de mulettes des différentes rivières pour qu'elles n'aient pas de problèmes d'adaptation.  Le Favot dispose aussi d’une salle de production d’algues et d’une salle destinée à la mise en quarantaine des souches bas-normandes. La station est en effet une référence nationale qui peut élever les larves de rivières de toute région. 

L'opération est financée par le programme européen LIFE « Conservation de la moule perlière d’eau douce du Massif armoricain » (ou LIFE « mulette ») et concerne les populations de l’Ellez, du Loc’h et du Bonne Chère en Bretagne ; en Basse-Normandie, du Sarthon, de l’Airou et de la Rouvre.

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