Observons les bestioles du littoral avec Bretagne vivante

Publié le 12/12/2024
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Grâce à ses bénévoles, Bretagne vivante prend part à l'Observatoire breton des changements sur l'estran. Cette opération de science participative permet de recenser les petits êtres vivants du littoral et leurs évolutions. Gabin Droual en a fait son métier et il se passionne pour de surprenants vers. 

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Photo de couverture : Un ver annélide de l'estran, de la classe des polychètes  — photo Gabin Droual

D'abord passionné d'oiseaux, Gabin Droual a peu à peu baissé les yeux vers les flaques de la plage... tout en restant bénévole pour Bretagne vivante, il a poursuivi ses études dans cette direction jusqu'à devenir ingénieur de recherche pour l'Ifremer où il est taxonomiste : ce métier consiste à identifier les espèces, leurs caractéristiques propres, les liens de parenté entre elles, etc.  Mise à mal par la génétique, la taxonomie était en perte de vitesse depuis les années 1970. Or, ce travail de description et de classement des êtres vivants par l'observation de terrain reste indispensable et complémentaire de l'étude de leurs gènes. Gabin Droual s'est quant à lui spécialisé dans l'étude, la reconnaissance et la classification des petits animaux de l'estran ; on peut dire qu'il exerce la spécialité d' "estranologue". 

Un observatoire breton des changements sur l'estran

L'estran, c'est le milieu de la plage qui est couvert d'eau à marée haute et découvert à marée basse. Un milieu très contraint, où le degré d'humidité, la salinité, les températures peuvent varier fortement en quelques heures. Il existe des estrans plus ou moins abrités et les espèces se sont adaptées à ces différents milieux. Deux chercheurs de l'IUEM, Jacques Grall et Christian Hily ont eu l'idée de fédérer les naturalistes qui opéraient sur ce terrain pour créer un Observatoire breton des changements sur l'estran (OBCE) ; c'est une action de science participative destinée à créer des listes de biodiversité des estrans pour évaluer leurs évolutions. Bretagne vivante y prend une large part avec d'autres associations naturalistes de la région. Une centaine de bénévoles de l'estran breton se retrouvent une fois par an pour échanger sur leurs observations.  Grâce à l'émission Les Superpouvoirs de l'océan (FranceTV -FNE), l'observatoire a pu se doter de loupes binoculaires qui vont permettre aux estranologues d'identifier le très petit peuple de la plage : bryozoaires, hydrozoaires, microgastéropodes, etc. 

Les étonnants vers "à soies" et autres bestioles du littoral

Les annélides polychètes sont les préférés de Gabrin Droual : ces vers, dont il existe plusieurs centaines d'espèces en Bretagne, mesurent de moins de 2 mm à 65 cm. Les tronçons de leur corps sont dotés de petites soies (cf photo) ; les formes ou modes de vie des polychètes sont très variés. Pour se reproduire, certains "explosent" en répandant les gamètes contenus dans leur corps, d'autres "bourgeonnent" et leurs petits poussent sur leur dos... On croise leur activité sur la plage quand on observe les petits tortillons de sable mouillé qui ne sont que les déjections de vers arénicoles. Leur action est très importante pour oxygéner le sol et améliorer la dégradation de la matière organique. 

Plusieurs guides sont disponibles sur le site internet de Bretagne vivante et permettent d'identifier les petites bêtes du littoral. En janvier 2025 sortira le guide "Les 50 espèces animales des estrans rocheux en Bretagne".