Le climat et l'océan : de causes à effets, de craintes en espoirs

Publié le 14/01/2025
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L'océanographe Paul Tréguer revient sur les liens complexes entre climat et océan ; état des lieux et commentaires sur quelques sujets liés à cette question : les énergies marines renouvelables, le stockage artificiel du CO2 sous les sédiments marins et la fonte des glaces polaires.

Le blog de Paul Tréguer

L'océan est-il maître du climat ? Paul Treguer, préface de Jean Jouzel, éditions Apogée

L’océan est un régulateur du climat, son eau assure un "équilibre thermique" de la planète en absorbant la grande majorité de la chaleur générée par l’excès d’effet de serre. En outre, l'océan absorbe une bonne part des émissions de gaz carbonique engendrées par les activités humaines. 

Le problème, c'est que cette absorption n'est pas neutre, elle a un impact sur l'océan qui se réchauffe et s'acidifie. Le milieu marin en est affecté, en particulier les animaux comme les coquillages ou les planctons dont le calcaire constitutif subit les effets de l'acidité. 

Un océan qui se réchauffe, se dilate, s'acidifie, des calottes polaires qui fondent

Du fait de la hausse de sa température, l'océan se dilate, ce qui fait augmenter le niveau marin auquel s'ajoute la fonte des glaces, glaciers terrestres. Mais on sait depuis peu que les calottes polaires commencent à fondre elles aussi. Si elles disparaissaient totalement, c'est une élévation de dizaines de mètres que nous subirions.  Le blanc devient vert : dans la Péninsule Antarctique et le Groenland en été la verdure vient percer des étendues qui, jusqu'à présent, restaient blanches et glacées. C’est à la fois sympathique pour tous les amoureux des régions polaires, dont je suis, mais inquiétant, car cela concrétise l’intensité et la rapidité du changement climatique. 

La bonne nouvelle cependant, c'est qu'on peut limiter les dégâts. Pour parvenir à la neutralité carbone, il nous faut mettre fin à l’utilisation des énergies fossiles qui accélèrent l'effet de serre. Pour cela, nous pouvons bénéficier du fort potentiel de l’océan en matière d’énergies renouvelables.

L'espoir des Énergies marines renouvelables

Ainsi, après l'usine marémotrice de la Rance, d'autres EMR (Énergies marines renouvelables) ont vu le jour. Au large d'Ouessant, une hydrolienne est immergée et fonctionne toujours avec l'énergie des marées. Malheureusement, son avenir est compromis par la liquidation judiciaire de l'entreprise Sabella qui l'avait posée. 

Le bilan du premier parc éolien marin en baie de Saint-Brieuc est plus encourageant. Les impacts sur la faune et la flore sont bien suivis. Si le chantier de construction s'est avéré en effet dérangeant, son observation a permis d'en tirer des leçons pour les 

Le stockage de CO2 dans les sédiments marins est mis en pratique depuis plus de vingt ans au large de la Norvège avec succès et sans fuite. Le Danemark et les Pays-Bas s'y mettent aussi. Cependant, cela ne représente que 200 millions de tonnes stockées, ce qui est très peu au regard des 3,7 milliards de tonnes émises chaque année par l'activité humaine dans la seule Europe. 

Les EMR et autres énergies renouvelables ne pourront cependant répondre à nos besoins énergétiques que si on réalise d'importantes économies d'énergie, dans les logements, les transports en particulier.