L'agriculture paysanne en Finistère après la tempête Ciaran

Publié le 01/12/2023
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Le réseau de la paysannerie et de la ruralité Civam en Finistère revient sur l'impact de la tempête Ciaran sur les exploitations agricoles. L'association adaptera ses formations pour permettre à ses membres de mieux faire face aux futures intempéries. 

Une émission mensuelle de Lem, la quotidienne, réalisée en partenariat avec le réseau Civam du Finistère 

Il est encore trop tôt pour évaluer les dégâts exacts de la tempête Ciaran sur l'agriculture finistérienne. Le réseau Civam, contrairement aux syndicats agricoles, travaille sur le temps long. 

Des dégâts aussi divers que les profils d'exploitations agricoles 

Sur les terrains, les impacts de Ciaran sont aussi divers que les exploitations agricoles paysannes le sont. Les serres de maraîchage ont bien sûr beaucoup souffert ; certaines ont résisté, notamment les mieux abritées (par le bocage et les haies notamment). Les arbres des talus sont souvent tombés mais ils ont en quelque sorte servi de remparts. Des hangars (et les stocks qu'ils abritaient) ont été partiellement ou totalement détruits. Du côté des élevages d'animaux, il y a quelques pertes de production dues aux coupures d'électricité (lait impropre à la consommation car recueilli dans des conditions d'hygiène non sécurisées) ou au vent (volailles de plein air envolées, animaux tués par des chutes d'éléments du bâti ou des arbres). Les systèmes herbagers ont dans l'ensemble bien résisté et le Civam insiste de nouveau sur la résilience des petites exploitations, même si pour les plus fragiles la tempête fera office de coup de grâce. Les apiculteurs ont souffert de renversements de ruches ; les cultures littorales ont subi un trop grand apport de sel marin qui a "grillé" les végétaux. Enfin, les vergers sont particulièrement touchés.

Des indemnités très incertaines 

La situation de calamité agricole a d'ailleurs été déclarée pour tout ce qui concerne les plantations pérennes (comme les fruitiers) ; sont aussi concernés le matériel technique professionnel, les stocks, le cheptel vif et les ruches dont les pertes pourront être compensées financièrement dans tout le Finistère (arrêté du 29 novembre 2023). 

Pour le reste, le grand public découvre la complexité du système d'assurance des exploitations et productions agricoles. Parfois au sein d'une même compagnie, certaines serres (récentes) seront remboursables, d'autres non... tout dépend des contrats et il y en a quasiment autant que de fermes. La question administrative sera d'ailleurs un gros point noir de cette tempête car les agricultrices et agriculteurs ont peu de temps à consacrer aux démarches en tout genre (avec l'État ou les compagnies d'assurance). 

Apprendre de la tempête Ciaran comme des autres épisodes météo extrêmes 

Alain Jacob, membre du Civam et éleveur-transformateur lait/porc, constate que contrairement à la tempête de 1987, Ciaran a été anticipée. Il souligne aussi la formidable solidarité entre paysannes et paysans ou avec le voisinage. Sans oublier les dons financiers de la population pour soutenir telle ou telle exploitation. 

Les futures formations proposées par le Civam intégreront les leçons de cet épisode météorologique qui sera sans doute de plus en plus fréquent du fait des évolutions climatiques ; la lecture de la météo et l'adaptation des exploitations aux intempéries seront au programme, tout comme la gestion fine de l'eau, en vue des prochaines sécheresses. L'équipe de l'association est aussi vigilante quant à l'état psychique des membres du réseau, en particulier des personnes qui auront du mal à remonter la pente en décembre.