Le vrai coût de l'alimentation en question
Publié le 22/12/2023Sollicité par le Secours catholique, le réseau de la paysannerie et de la ruralité Civam du Finistère participe à une enquête jusqu'au printemps 2024 : quels sont les coûts cachés de l'alimentation ? Payons-nous le juste prix de ce que nous mangeons, et à qui ?
Une émission mensuelle de Lem, la quotidienne, réalisée en partenariat avec le réseau Civam du Finistère
Quand nous achetons des produits alimentaires, en supportons-nous le coût réel ? Bien souvent, non : le prix des denrées n'inclut pas les impacts de leur mode de production sur la vie des personnes qui produisent ou transforment, ni sur l'environnement ou sur la santé humaine. Or ces impacts existent, encore faut-il les estimer. D'un autre côté, si les produits sont jugés "chers" en rayon alors que bon nombre d'agricultrices et d'agriculteurs touchent une rémunération faible voire insuffisante pour leur travail, où vont les plus-values ? Par exemple, combien payons nous les emballages et la publicité des produits ?
Du point de vue des consommatrices et consommateurs, d'autres coûts "cachés" de l'alimentation peuvent surgir : déplacements pour effectuer ses achats, coût de l'énergie pour la transformation et la préparation des repas, etc.
Autant de questions qui méritaient des réponses précises, chiffrées et circonstanciées.
Des données chiffrées et des échanges concrets autour de l'alimentation de qualité et de son accès
Le Secours catholique est à l'origine du projet d'enquête sur les coûts cachés de l'alimentation et on le comprend car l'association est aux premières loges de la précarité alimentaire. Le Civam du Finistère s'intéresse à ce sujet depuis longtemps, via son action dans le quartier brestois de Keredern et son travail autour d'une sécurité sociale alimentaire. Le projet a donc été lancé en janvier 2023, avec une étude préalable menée par le cabinet Le basic qui mènera aussi la suite de l'étude scientifique. Parallèlement, le projet inclut des rencontres, échanges de pratiques, de vécus entre différents publics : celles et ceux qui produisent (le Civam, Solidarité Paysans) et les bénévoles ou bénéficiaires de l'aide alimentaire.
La précarité alimentaire vue d'une épicerie solidaire de Brest
L'épicerie solidaire de Quissac à Brest participe aux rencontres ; ouverte en 2021 par notamment le Secours catholique, c'est un lieu qui permet aux foyers en difficulté (orientés par l'assistance sociale pour 6 mois) d'acheter - pour une somme donnée par mois - des produits alimentaires (et d'hygiène également). Ces derniers sont diversifiés, venus de la Banque alimentaire et complétés par des achats pour améliorer la variété de l'offre. Les prix sont 10 à 20% inférieurs qu'en magasin classique , tous les fruits et légumes à 25 centimes le kilo. Jérôme Floc'h y est bénévole et chargé de la qualité du frais, il reçoit aussi des fruits et légumes des association Vert le jardin et Prélude. Ayant lui-même été autrefois bénéficiaire de l'aide alimentaire, il était motivé pour participer aux discussions. Il constate qu'en matière d'accès à une alimentation de qualité pour les plus précaires, beaucoup reste à faire. C'est même une question de perception. Certains produits industriels dont la qualité peut légitimement être contestée (du point de vue de la santé ou des conditions sociales de fabrication) sont perçus néanmoins comme des produits "de luxe" par des personnes très pauvres.
En février 2024, à l'issue de l'étude, on y verra plus clair. Et surtout, des propositions concrètes pour améliorer l'accès pour toute la population à une alimentation vraiment de qualité, auront sans doute émergé.