Observez les salamandres de septembre à novembre avec Bretagne vivante
Publié le 12/10/2023Un dragon dans mon jardin est une opération de science participative qui consiste à observer les salamandres de septembre à novembre. Pour vous inviter à y prendre part, Julie Bonnenfant, animatrice de Bretagne vivante vous décrit cet amphibien, sa biologie, son mode de vie.
Le site internet de science participative Un dragon pour observer les salamandres
La salamandre, un amphibien qui vit dans l'eau à l'état larvaire et sur terre à l'âge adulte
La salamandre fait partie de la classe des amphibiens, anciennement appelés batraciens. Le terme « amphibien » provient du grec ancien : “amphi” signifie “double” et “bios” signifie “vie”, en rapport aux 2 modes de vie aquatique (à l’état larvaire) et terrestre (à l’état adulte) de ces animaux.
Fait marquant, les amphibiens sont les premiers vertébrés à avoir colonisé le milieu terrestre. À la différence des reptiles, des mammifères et des oiseaux, les amphibiens restent majoritairement dépendants du milieu aquatique pour se nourrir, se reproduire et se déplacer. Ils n’ont pas d’écailles et disposent également d’une peau nue perméable à l’eau. Leur peau possède deux sortes de glandes : les muqueuses pour maintenir leur peau humide et
les granuleuses qui fabriquent des toxines. Mais comme les reptiles, ils ne régulent pas la température de leur corps, celle-ci varie et dépend donc des températures environnementales. La classe des amphibiens se divisent en 2 ordres : les Anoures, majoritaires, comme les grenouilles et les crapauds et les Urodèles, qui gardent leur queue à l’âge adulte, dont font partie les salamandres et les tritons.
Portrait de la Salamandre tachetée, présente en Bretagne
La Salamandre tachetée est facilement reconnaissable et impossible à confondre avec une autre espèce d’amphibiens. Elle mesure entre 10 et 20 cm. Elle est reconnaissable à ses taches jaunes ou plus rarement orange, alignées sur un fond noir. Une couleur aposématique, autrement dit destinée à avertir les prédateurs d'un danger. Chaque individu a un motif différent de celui des autres ce qui permet d'identifier chaque salamandre séparément. Sa queue est ronde contrairement à la queue aplatie des tritons. Sa peau est entièrement luisante. Elle possède également derrière les yeux deux glandes parotoïdes formant des bourrelets jaunes qui sécrètent un lait amer et toxique, dissuasif pour les prédateurs.
Souvent confondues avec les larves de tritons, les larves de salamandre mesurent quelques centimètres et ont des branchies externes bien visibles. Leur peau est plutôt grise marbrée mais un mimétisme leur permet d'adopter la couleur du fond du point d'eau.
La salamandre est active au crépuscule et la nuit, mais se rencontre parfois le jour après une pluie abondante. Bien qu’elle soit dépendante de points d’eau pour sa reproduction, la salamandre nage mal, et se noie lorsqu’elle tombe dans un trou d’eau dont elle ne peut ressortir. Pendant la période favorable (généralement de février à novembre), elle sort de sa cachette, le soir venu, préférentiellement par temps humide, pour aller chasser avec voracité les vers de terre, limaces et autres invertébrés. Les salamandres se nourrissent d’insectes, d’araignées, de myriapodes, de mollusques (limaces) et d’annélides (vers de terre). Quant à son gîte, il est sommaire : une anfractuosité dans le sol ou sous une pierre ou un bois mort. Durant l'hiver, sans connaître une léthargie profonde, les jeunes et adultes mènent une vie ralentie en fonction de la température.
Une ponte des larves avec risque de noyade
La Salamandre tachetée se reproduit toute l'année avec 2 période plus intenses, à l'automne et au printemps. Les accouplements ont lieu en milieu terrestre, entre juillet et septembre. Le mâle repère la femelle par son odeur, il dépose un sac de spermatozoïdes (spermatophore) et incite la femelle à le récupérer ; la fécondation est interne. Dès février, les femelles, ovovivipares (les œufs se développent dans les voies génitales de la femelles) rejoignent une zone d’eau (lavoir, mare, ruisseau à cours lent, ornière, fossé ...) pour larguer des larves à branchies de 3 cm. Chaque femelle produira une quarantaine de larves par saison. Ce moment est critique pour elle puisqu’elle ne sait pas très bien nager et peut donc se noyer très facilement. Les larves se développent en milieu aquatique en 3 à 5 mois et gagnent le milieu terrestre quand elles atteignent 5 à 7 cm. Les larves peuvent passer l’hiver dans l’eau.
L'habitat des adultes est varié : forêts profondes ou réserves naturelles mais aussi votre jardin ou chemin de balade ! La Salamandre tachetée fréquente les boisements de feuillus ou mixtes, les haies du bocage, les coulées vertes et les jardins où elle se cache pendant la journée dans les feuilles mortes, sous une pierre ou sous une souche. Il lui faut aussi trouver sa nourriture dans un rayon de 100m autour de son gîte et un point d’eau à proximité.
La Salamandre tachetée vit essentiellement en Europe centrale, de l’ouest, méridionale et du sud-est. Absente en Corse, dans les landes et sur une partie de la bordure méditerranéenne. Présente partout en Bretagne ou elle est commune, sauf sur les îles.
Les salamandres ne sont pas insensibles au feu, comme le raconte la légende et elles ne vivent pas des centaines d’années, mais tout de même 20 ans !
Parmi leurs super pouvoirs, elles sont capables de régénérer leurs membres abîmés ou coupés.
Un habitat qui se raréfie, un trafic routier meurtrier et un champignon dangereux pour les salamandres
Les amphibiens sont protégés dans la plupart des pays européens dont la France. Il est interdit de les capturer et de les tuer (y compris les œufs et les têtards).
Si elle n'est pas en danger d'extinction, la Salamandre tachetée est considérée par les experts de l’UICN (l’union internationale pour la conservation de la
nature comme « en régression ». L'espèce est victime de la dégradation de son habitat avec la raréfaction des mares, la dégradation des ruisseaux, la disparition des prairies, des haies, etc...). Lors des migrations nuptiales, c’est-à-dire en période de reproduction, ou lors des migrations pour les mises-bas, de nombreuses salamandres sont victimes du trafic routier.
Un champignon originaire d’Asie et très pathogène pour les salamandres d’Europe, a été introduit dans le milieu naturel par accident (le chytride, Batrachochytrium salamandrivorans – dévoreur de salamandres). Il se développe sur la kératine de la peau des juvéniles et des adultes, entraîne des altérations physiologiques qui peuvent être fatales. Il a été responsable ces dernières années de la disparition de populations de Salamandre tachetée aux Pays-Bas, en Belgique et dans l’ouest de l’Allemagne.
L'artificialisation des sols, la pollution ou l'assèchement des points d'eau, le changement climatique sont d'autres menaces qui nuisent à la Salamandre tachetée.
Un dragon dans mon jardin : sciences participatives autour des salamandres
Lancé par l’Union nationale des Centres permanents d’initiative pour l’environnement (CPIE) et la Société herpétologique de France, l'opération Un dragon dans mon jardin à laquelle participe Bretagne vivante vise à mieux comprendre évolution de la population. Cela permet aussi de mieux connaître l’espèce et pouvoir conseiller sur les aménagements : passage de faune, fermeture de route lors de migration... Les scientifiques spécialistes (herpétologues) ne peuvent pas à eux seuls recenser les individus dans tous les endroits. L'opération de sciences participatives vise donc aussi à faire contribuer la population. Accessible à tout public, quel que soit son niveau de connaissance, le protocole « La Nuit des dragons » invite à observer et inventorier les populations de
salamandres présentes sur les territoires. Seul ou en groupe.
La nuit, de septembre à novembre, lors d’une douce nuit d’automne, de préférence après la pluie, allez vous promener sur un chemin où vous avez déjà vu l’espèce et comptez pendant 30 minutes maximum le nombre de salamandres que vous croiserez.
1/ Inscrivez-vous en nous renvoyant le bulletin de participation
2/ Téléchargez le protocole
3/ Choisissez un parcours d’une demi-heure maximum (ou contactez la structure relais la plus proche de chez vous pour une participation en groupe)
4/ Parcourez ce trajet au moins une fois en automne, dans des conditions météorologiques favorables
5/ Comptez les Salamandres observées
6/ Remplissez et renvoyez la fiche « terrain »
Un protocole détaillé est disponible sur le site internet undragon.org
Le site internet propose aussi une chasse photo - En quête de dragons - de partage de vos photos d’amphibiens ou de reptiles que vous croisez en renseignant le lieu et la date de votre observation. Des herpétologues vous confirmeront le nom de l’espèce et votre observation sera ajoutée à la base de données.
Localement, Bretagne Vivante vous propose deux animations sur les amphibiens au mois d’octobre :
- Un café nature sur les amphibiens au Beaj Kafé à Brest le mercredi 11 octobre 2023 à 19h. Ce sera l’occasion d’en savoir un peu plus sur les amphibiens présents sur notre territoire (leurs biologies, habitats, critères de reconnaissances…) mais aussi de tester vos connaissances en fin de séance autour d’un quiz. Ouvert à tous, gratuit et sans inscription.
- Une sortie Nuit des dragons, à Guilers dans le bois de Kéroual, le vendredi 13 Octobre 2023 à 20h30. Mise en place du protocole de suivi des salamandres sur inscription à l’adresse animation-brest@bretagne-vivante.org. Lieu précis transmis à l’inscription. Prévoir lampe, chaussures et vêtements adaptés. Gratuit et ouvert à tous.