L'acoustique qu'est-ce-donc ?

Publié le 09/11/2023
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Ingénieur acousticien, Stéphane Gautard nous explique cette science de la maîtrise du son, de la réduction du bruit dans les navires comme dans les bâtiments.

L'acoustique est une science ancienne même si elle n'est pas la plus pratiquée (on compte bien moins d'ingénieurs acousticiens que de thermiciens). Le premier acousticien officiel de France était Marin Mersenne un moine sarthois du XVIe/XVIIe siècle qui se préoccupait des nuisances sonores ; les charrettes qui passaient perturbaient la prière de son monastère, il a cherché comment limiter cette nuisance.

Éviter d'émettre du bruit

Pour des raisons tactiques, la discrétion des navires (et sous-marins) a intéressé la Marine nationale dès le début du 20e siècle mais c'est seulement dans les années 1960/70 que sont nées les formations d'ingénierie acoustique comme celle qu'a suivie Stéphane Gautard (qui a travaillé pour la Marine). 

Les avions et depuis peu les yachts ou paquebots sont taxés lors de leurs escales portuaires selon le bruit qu'ils émettent. La pollution sonore devient un sujet dans la société civile.

Pour qu'un navire émette le moins de bruit possible, toutes les machines internes sont suspendues sur ressort pour éviter que leurs vibrations se propagent à la coque. 

Dans le cas des avions c'est l'écoulement de l'air sur le fuselage qui émet le plus de bruit et sa forme est donc importante . 

Une ambiance feutrée à l'intérieur

L'ingénieur acousticien est aussi sollicité pour apporter un confort acoustique intérieur. En ce qui concerne les bâtiments, les normes sonores ont bien progressé ces dernières années et donc les exigences d'isolation phonique : contre le bruit "aérien" (les paroles et musiques fortes) et les bruits de choc (talons sur le parquet de la voisine du dessus). 

Pour les sols, des matériaux spécifiques en sous-couche amortissent les chocs. Du côté des murs (des maisons mais aussi des coques de bateaux), plus ils sont épais, mieux ils isolent le son. On peut se le permettre dans le bâtiment moins dans l'aviation (pour des questions de légèreté).

On peut aussi jouer sur le revêtement : les ondes acoustiques sont absorbées par les pyramides de la mousse anéchoïque de notre studio radio. Sinon, on peut apposer des tissus qui absorbent le son, de la moquette, ou compter sur les meubles dans une certaine mesure. Dans les voitures, mieux vaut du velours que du cuir. Mercédès a tout de même trouvé la solution : des petits trous dans le cuir pour absorber le bruit. Les acousticiens sont d'ailleurs nombreux dans l'industrie automobile. 

Le bruit urbain comme nuisance sonore à réduire

En urbanisme, on se préoccupe de plus en plus du bruit ambiant : les véhicules, les voix ou autres bruits de la ville sont désormais perçues comme des nuisances sonores qui ont un impact sur notre santé. Des logiciels permettent de cartographier la diffusion des bruits et de calculer les protections adéquates. Les premiers murs anti-bruits généraient des effets secondaires : certains bâtiment étaient protégés derrière le mur mais ce dernier entraînait une réverbération du son sur un immeuble un peu plus loin. D'autres pistes d'avenir méritent d'être étudiée pour réduire le bruit urbain, comme la végétalisation des façades.